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Parkinson la voie de l'espoir

Que sait-on aujourd’hui de la maladie de Parkinson ? Où en est-on des traitements, médicamenteux et chirurgicaux ? Réponses à l’occasion de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, le 11 avril.

La maladie de Parkinson touche 120 000 à 150 000 Français, c’est beaucoup et personne n’est à l’abri. Comme pour la maladie d’Alzheimer, le risque augmente avec l’âge, or nous vivons de plus en plus vieux. Rare avant 50 ans, elle touche 6 à 8 personnes sur 1 000 entre 65 et 69 ans et 26 à 35 sur 1 000 entre 85 et 89 ans… On en sait plus sur cette maladie dégénérative, mais elle reste difficile à vivre, pour le malade et sa famille. Le Plan d’action Parkinson 2012-2014 destiné à améliorer la prise en charge des malades suscitait beaucoup d’espoir, mais à ce jour les moyens alloués sont insuffisants. Sans attendre, la dynamique association France Parkinson a récemment mis en place un programme d’accompagnement pour les aidants, conjoints, enfants, parents ou amis. Ce programme, appelé A2PA, vise à répondre à toutes les questions qu’ils peuvent se poser et à les soutenir concrètement. Il se déroule en deux temps : une réunion de 3 heures d’informations générales et d’échanges sur la maladie, ses caractéristiques, ses traitements, les aides auxquelles ils peuvent avoir recours, l’accompagnement au quotidien ; puis 4 à 6 modules thématiques pour approfondir les connaissances de manière plus personnalisée en fonction des besoins et des cas. Cette formation est gratuite. Pour en savoir plus et s’inscrire, contacter le délégué local du comité France Parkinson.

REPÉRER LES SIGNES

Les symptômes de la maladie résultent de la disparition prématurée, lente et progressive, dans une zone au centre du cerveau appelée substance noire, d’un petit nombre de cellules nerveuses dites dopaminergiques, car elles sécrètent une substance essentielle : la dopamine. Il s’agit d’un neurotransmetteur, autrement dit un messager chimique qui transmet les ordres du cerveau aux muscles, notamment pour le contrôle des mouvements automatiques du corps. Elle agit aussi dans la sensation de plaisir et le désir. Il existe des formes héréditaires, précoces. On connaît également le rôle des insecticides et des pesticides (la maladie est reconnue professionnelle chez les agriculteurs depuis 2012) et des chocs à la tête chez les boxeurs, mais dans la très grande majorité des cas on ignore encore la cause.

Premiers troubles moteurs

Les trois premiers symptômes, liés à la motricité, atteignent souvent un seul côté du corps avant de s’étendre aux deux côtés au bout d’un temps variable.

  • Tremblements
    C’est le symptôme plus connu, mais pas systématique au début de la maladie. Il s’agit de tremblements survenant au repos, au niveau du bras quand il est ballant ou décontracté, et à la main, notamment le pouce. Plus tard, ils se manifestent à la tête et aux jambes. Ils disparaissent lors de mouvements volontaires et au cours du sommeil, mais s’aggravent lors d’efforts de concentration comme le calcul mental.
  • Raideur
    Les muscles et les tendons, le plus souvent de la colonne vertébrale, de la nuque et des articulations des membres, deviennent rigides, d’où des douleurs et des difficultés pour marcher et faire certains mouvements. La personne est crispée, voûtée souvent.
  • Lenteur
    Elle se manifeste pour commencer un mouvement (akinésie) ou pour l’exécuter (bradykinésie). C’est un signe caractéristique, en général le premier. Lacer ses chaussures, se laver les dents, se raser ou se boutonner devient difficile.

Petits pas et dépression

À cette triade classique s’ajoutent au fil des années de nombreux autres signes, variables selon les patients. La démarche est lente, hésitante, la personne avance à petits pas, est obligée de s’arrêter et semble piétiner sur place. Il arrive aussi que, dans certains cas, la marche soit plus rapide, précipitée. Autres symptômes : troubles de l’équilibre, crampes et fourmillements, hypersalivation et difficultés pour avaler provoquées par la perte du réflexe de déglutition automatique, nécessité d’uriner fréquemment (la vessie a tendance se contracter alors qu’elle est à peine remplie), troubles de la sexualité, anxiété, dépression, irritabilité, manies. Mais également petite écriture très serrée (à cause de la perte de dextérité), voix chevrotante et difficulté à articuler, visage inexpressif, perte de l’odorat, troubles du sommeil, problèmes de concentration intellectuelle et de la mémoire.

A savoir

TREMBLEMENTS

Près d’un quart des parkinsoniens n’ont pas de tremblements au début de la maladie. À l’inverse, toutes les personnes qui tremblent ne sont pas nécessairement atteintes de la maladie de Parkinson. D’autres pathologies, à rechercher, peuvent être en cause.


Conseils de pharmacien

  • Respectez scrupuleusement l’horaire des prises indiqué, car un retard peut entraîner problèmes de motricité, tremblements et rigidité.
  • Soyez vigilant en cas de modification de votre traitement (changement de dose ou ajout d’un nouveau médicament).
  • Effets secondaires. Les antiparkinsoniens en ont, comme les autres médicaments, constipation, nausées, étourdissements, hallucinations, etc., que chaque patient supporte différemment. Signalez-les. La prise de laxatifs légers est fréquente.
  • N’interrompez jamais le traitement sans l’avis du médecin sous peine d’aggravation brusque des symptômes.
  • Ne vous découragez pas si le traitement prescrit ne « marche » pas, il faut souvent tâtonner avant de trouver celui qui permet de stabiliser les symptômes.
  • Si vous prenez des médicaments pour d’autres maladies, dites-le au médecin, car certains ne sont pas compatibles.
  • Vérifiez que vous avez suffisamment de médicaments ou que votre ordonnance est encore valide avant le week-end ou les vacances. En cas de nécessité, le pharmacien peut cependant vous dépanner.


ASSOCIATIONS


TRAITER AU CAS PAR CAS

Aucun cas n’est semblable à l’autre. Les symptômes et leur intensité diffèrent, de même que l’évolution de la maladie. Le traitement, prescrit par un neurologue, doit donc être adapté à chaque personne.

Quels médicaments ?

C’est logique, le traitement de base et de référence de la maladie de Parkinson est la dopamine, puisque c’est elle qui fait défaut. La L-Dopa (lévodopa) est transformée en dopamine dans le cerveau. C’est le médicament le plus puissant pour améliorer les symptômes, mais elle peut entraîner des complications motrices (mouvements anormaux, enraidissement), souvent pénibles à supporter. D’autres médicaments (agonistes dopaminergiques, amantadine, anticholinergiques, sélégiline, entacapone…) sont aussi d’une aide précieuse. Les uns miment les effets de la dopamine, les autres inhibent la dégradation de celle-ci dans le cerveau en empêchant l’action de certaines enzymes. Le médecin peut aussi prescrire des médicaments différents destinés à combattre les troubles du sommeil, de la mémoire, de l’humeur, de l’équilibre, de la parole ou encore urinaires. Mais avec prudence à partir de 70 ans.

Chirurgie électrique ou chimique

Aujourd’hui, ce n’est pas le seul traitement possible. En attendant l’aboutissement des deux principales voies de recherche que sont les cellules souches et la thérapie génique, la chirurgie peut donner des bons résultats.

  • Stimulation électrique
    C’est la stimulation directe des zones de cérébrales profondes lésées via l’implantation d’électrodes au niveau d’une région du cerveau située sous le thalamus, le noyau sous-thalamique, a été mis au point en France. Ces électrodes sont reliées par un câble sous-cutané à un petit boîtier de stimulation (pile) placé juste sous la clavicule. Il s’agit cependant d’une opération lourde qui dure plusieurs heures et, il faut le savoir, elle ne réussit pas chez tout le monde.
  • Stimulation chimique
    Elle consiste à remplacer de manière continue et stable le manque de dopamine grâce à une pompe à apomorphine. Ce traitement, très intéressant, est encore assez méconnu et ne fait pas l’unanimité. En 2012 cependant, 1 200 personnes étaient équipées de cette pompe et une étude est en cours pour l’utiliser davantage.
    Evelyne Oudry

Rééduquer le plus tôt possible

La rééducation précoce est également essentielle.

  • Kinésithérapie. Elle doit débuter le plus tôt possible, car elle permet de lutter contre les déformations provoquées par la rigidité et l’akinésie, de mobiliser tous les muscles et ainsi de mieux marcher et de maintenir un bon équilibre.
  • Rééducation orthophonique. À entreprendre aussi précocement, elle aide à mieux parler, déglutir et maîtriser sa respiration.
  • Exercices de relaxation. Avec le yoga, ils permettent d’être moins contracté et de diminuer les épisodes de grand stress qui aggrave les tremblements.
  • Bilan ergothérathérapeutique. Il est conseillé, par un ergothérapeute, pour aménager son logement et rester le plus longtemps possible chez soi : éclairage, barres d’appui, rampes…


Recherches prometteuses

Deux exemples récents.

  • Thérapie génique et troubles moteurs.
    Un essai, auquel a participé une équipe de l’hôpital Henri-Mondor (Créteil), mené sur 15 patients à un stade avancé de la maladie, traités par injections dans une zone subcorticale du cerveau, le striatum, de 3 enzymes nécessaires à la production de dopamine, montre que ce traitement améliore notablement et durablement (12 mois) la rigidité et les tremblements. C’est la première approche de thérapie génique ciblée sur les troubles moteurs.
  • Vitamine D et déclin cognitif.
    Une étude américaine, réalisée sur 286 malades, indique que plus les taux de vitamine D dans le sang sont élevés, moins sévères sont les troubles cognitifs et la dépression. Cette association inverse est encore plus marquée au début de la maladie. De là à prendre de la vitamine D pour réduire l’impact de la maladie… D’autres études sont nécessaires.

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