PHARMACIE DE BRAINS

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PROSTATE SURVEILLER SANS ANGOISSER

Avec l’âge, l’hypertrophie bénigne de la prostate, ou adénome, occasionne des troubles urinaires gênants, mais le phénomène est naturel. Ne pas confondre avec le cancer de la prostate.

La Journée européenne de la prostate, le 20 septembre, est l’occasion pour les urologues d’attirer l’attention sur la nécessité, passé l’âge de 50 ans ou plus tôt en cas de facteurs de risque, de surveiller ou de faire surveiller cet organe génital masculin. Tous les hommes savent que leur prostate peut leur causer un jour ou l’autre des désagréments ou devenir cancéreuse, mais sans toujours savoir à quoi elle ressemble ni quel est son rôle. En fait, la prostate, située sous la vessie en avant du rectum et traversée de haut en bas par l’urètre, canal qui permet d’évacuer l’urine de la vessie, a la forme et la grosseur d’une châtaigne. C’est aussi le lieu d’arrivée des canaux qui véhiculent le sperme produit par les testicules et les vésicules séminales (réservoirs du sperme) et elle sécrète un liquide entrant dans la composition du sperme. Elle joue donc un rôle essentiel dans la fertilité de l’homme, mais sans intervenir dans le mécanisme d’érection ou d’éjaculation. Tous les bébés de sexe masculin naissent avec une prostate qui se développe peu à peu jusqu’à la puberté où elle se stabilise et commence à fonctionner. Vers l’âge de 40 ans, elle augmente à nouveau de volume sous l’influence des hormones sexuelles mâles produites par les testicules. Un phénomène naturel, mais qui peut finir par gêner quand la prostate grossit au point d’appuyer sur la vessie.

FAIRE LE POINT SUR LES SYMPTÔMES

Comme l’augmentation de volume de cette glande particulière est un processus inéluctable dû à l’âge, les hommes vivent tout problème de prostate comme la marque de leur vieillissement, même s’ils se portent bien. Ils perçoivent souvent ces ennuis comme le signe du déclin de leur séduction, de leur sexualité et de leur fertilité. Autres croyances répandues : des troubles urinaires annoncent forcément un cancer de la prostate et le seul traitement consiste à enlever la prostate qui signe la fin de la vie sexuelle. Tout cela est faux ou exagéré.

Adénome de la prostate

  • Troubles urinaires
    La quasi-totalité des hommes de plus de 80 ans ont des problèmes de prostate, caractérisés par des troubles urinaires. En grossissant, la prostate peut comprimer la vessie ou bien le canal urinaire qui la traverse et provoquer des troubles mictionnels irritatifs, c’est-à-dire des besoins pressants et fréquents d’aller aux toilettes, des difficultés à se retenir. Les troubles peuvent aussi être obstructifs : faible jet urinaire, difficulté à démarrer la miction, gouttes retardataires, sensation de ne pas arriver à vider complètement la vessie.
  • Mieux vaut consulter
    Ces symptômes évocateurs sont plus ou moins marqués selon les personnes et pas toujours en proportion du volume de la prostate. Les uns sont très gênés alors que leur prostate est quasi normale, d’autres ont une grosse prostate, mais pas ou très peu de troubles. Le plus sage est d’en parler à son médecin pour deux raisons : s’assurer qu’il s’agit bien d’un adénome de la prostate (le plus fréquent) et bénéficier d’un traitement efficace.

Cancer de la prostate

Au début, ce cancer ne provoque aucun symptôme, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, sans surveillance régulière, il peut être détecté tardivement. À la différence de l’adénome qui s’étend à partir du centre de la glande, le cancer de la prostate se développe en effet depuis la périphérie. Sa progression reste ainsi silencieuse pendant quelque temps, car l’urètre n’est pas comprimé et ne gêne donc pas les mictions. Quand les troubles urinaires se font sentir, le cancer est déjà avancé.

Examens de la prostate

  • Dépistage, la sécurité
    Il est donc hautement conseillé de faire examiner sa prostate une fois par an à partir de 50 ans, de façon à permettre au médecin de mettre au point une stratégie en fonction de l’agressivité de la tumeur et de l’âge de la personne. Ce dépistage repose sur un toucher rectal, que malheureusement beaucoup d’hommes répugnent à subir, et un dosage sanguin du PSA (antigène prostatique spécifique).
  • Bien interpréter le taux de PSA
    Les deux servent à repérer des anomalies, mais, il faut le savoir, une élévation du taux de PSA ne signifie pas obligatoirement cancer. Ce peut aussi être le signe d’une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) ou d’une infection de la prostate (prostatite).

Avis d'expert

Qu’est-ce que le score de Gleason ?

Le cancer est composé de cellules différentes dans leur évolution et leur agressivité. Lors de l’examen des biopsies au microscope, elles sont notées de 1 à 4 selon leur degré d’agressivité. Le score dit de Gleason additionne les deux populations de cellules cancéreuses majoritaires dans les prélèvements et peut ainsi varier de 2 (1+1), le minimum, à 10 (5+5) au maximum. À partir de 7, les chances de guérison sont moins bonnes.

Comment savoir si le cancer est ou non limité à la prostate ?

Grâce aux résultats du bilan d’extension comportant habituellement un examen par résonance magnétique (IRM), qui recherche une extension locale ou aux ganglions, et une scintigraphie osseuse qui montre (ou pas) des métastases osseuses. Dans certains cas, un prélèvement des ganglions est nécessaire.

Qu’est-ce que l’hormonothérapie ?

Comme la croissance du tissu prostatique est stimulée par les hormones mâles, le traitement consiste à s’opposer à ces hormones pour bloquer (plus moins longtemps) la prolifération des cellules cancéreuses et diminuer le volume de la prostate. Différents types d’hormones peuvent être utilisés : analogues de la LH-RH (en injections mensuelles, trimestrielles ou semestrielles), anti-androgènes (en comprimés) et estrogènes.


A Savoir

L’hypertrophie bénigne de la prostate ne dégénère jamais en cancer, mais il faut continuer de se faire surveiller, car les deux maladies peuvent coexister. La constatation d’une hausse plus rapide du PSA entre deux dosages espacés de 6 mois à 1 an doit faire penser à un cancer.


TRAITER… QUAND C’EST UTILE

Les traitements sont très différents selon qu’il s’agit d’une hypertrophie bénigne de la prostate ou d’un cancer. Ils sont aussi fonction de l’importance des symptômes.

Cancer, au cas par cas

Si les troubles urinaires sont modérés et ne gênent pas la vie sociale et personnelle, une simple surveillance suffit. Mais quand ils deviennent incommodants et/ou retentissent sur la sexualité (petits troubles de l’éjaculation et de l’érection), le médecin prescrit un traitement médicamenteux. Ces molécules agissent en diminuant le volume de la prostate ou en améliorant l’ouverture du col de la vessie. Ils sont en général suffisants. Les médicaments efficaces contre les troubles de l’érection permettent par ailleurs de maintenir ou de retrouver une activité sexuelle. Mais si les symptômes persistent, une intervention chirurgicale (ablation de la partie hypertrophiée sous endoscopie, sans ouvrir) peut être envisagée. Cette intervention n’empêche pas les rapports sexuels, mais l’éjaculation devient rétrograde : en clair, le sperme va en partie ou en totalité dans la vessie. D’autres techniques sont possibles, comme la thermothérapie par laser ou la radiofréquence, qui ont l’intérêt de raccourcir la durée d’hospitalisation.

Une biopsie est toujours nécessaire pour confirmer ou pas l’existence d’un cancer après anomalie au toucher rectal et PSA élevé. C’est à partir de ces résultats qu’urologue, cancérologue et chirurgien spécialisé décident du traitement à mettre en œuvre. Il dépend du volume de la prostate, du degré d’agressivité de la tumeur, de l’âge du patient, de son état général et de ses préférences.

  • Ablation de la prostate
    Quand le cancer reste localisé à la prostate, c’est une solution car, une fois enlevée, il n’y a plus rien à craindre. Mais l’intervention peut causer des troubles sexuels, parfois une incontinence urinaire.
  • Radiothérapie externe
    Elle consiste à détruire les zones cancéreuses par l’exposition à des rayons. La prostate reste donc en place.
  • Hormonothérapie
    Elle est indiquée quand le cancer est sorti de la coque et a métastasé, ou quand la tumeur cantonnée à la prostate est avancée.
  • Chimiothérapie
    Elle est mieux supportée et de plus en plus efficace, mais des progrès sont attendus.
EVELYNE OUDRY

A Savoir

Un dépistage plus précoce doit être pratiqué à 45 ans en cas de cancer de la prostate chez le père et/ou le grand-père (surtout avant 65 ans), ou chez les hommes d’origine africaine ou antillaise.


PRENDRE EN CHARGE LA PROSTATITE

Cette inflammation peut toucher les hommes de tous âges, mais généralement plutôt jeunes.

  • Prostatite aiguë
    En cause le plus souvent : une bactérie (infection urinaire ou MST). Les symptômes sont soudains : forte fièvre, brûlures en urinant, envies d’uriner fréquentes, impérieuses ou au contraire lentes pouvant aller jusqu’à la rétention d’urine, douleurs au bas-ventre. Un examen cytobactériologique des urines (ECBU) permet d’identifier le germe en cause et d’adapter le traitement antibiotique.
  • Prostatite chronique
    Elle est en général due à une prostatite aiguë mal soignée. Elle est également douloureuse, mais sans fièvre. Le traitement (antibiotiques + anti-inflammatoires) dure plusieurs mois.

Surtraitement inutile

  • De nombreuses tumeurs détectées à un stade précocen’auraient pas dû être traitées (ablation de la prostate ou radiothérapie), selon une étude récente de l’INSERM réalisée auprès de 1 840 Français atteints d’un cancer de la prostate, compte tenu de leur faible évolutivité dans la plupart des cas et de l’espérance de vie des patients.
  • Habituellement, le cancer de la prostate évolue lentement sur 10 à 15 ans et les patients âgés ou malades par ailleurs meurent non pas de leur cancer, mais de vieillesse ou de leurs autres maladies. Dans ce cas, leur infliger un traitement est inutile, d’autant que les effets secondaires peuvent être lourds
  • En cas de cancer détecté tôt, un traitement ne se justifie que si le patient a plus de 10 ans encore à vivre. Sinon, il suffit de surveiller de façon à ne traiter que si cela devient nécessaire.

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