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LE SOMMEIL, C’EST LA SANTÉ

La 13e Journée du sommeil du 22 mars, coordonnée par l’Institut national du sommeil et de la vigilance*, fera le point sur trois grandes nuisances environnementales qui perturbent la qualité du sommeil : bruit, excès de lumière et température. Au programme, des animations dans des lieux publics dans une cinquantaine de villes et des portes ouvertes dans les centres du sommeil.

Ceux qui dorment mal

En attendant d’en savoir plus sur le sujet, des études publiées dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) montrent que les Français dorment mal ou pas assez. • Les femmes ? Épuisées ! Avec une moyenne de 7,13 heures, le temps de repos est jugé insuffisant par l’immense majorité des personnes âgées de 15 à 54 ans, interrogées sur le temps de sommeil qui leur est nécessaire pour être en forme le lendemain. La population active est particulièrement touchée, notamment les femmes de 35 à 44 ans qui croulent sous les occupations (travail, enfants, maison) et dont le déficit dépasse 1 h 30 par nuit. • Les jeunes manquent de sommeil Les jeunes aussi dorment insuffisamment. Avec console de jeux, télévision, ordinateur et smartphone dans leur chambre, les garçons de 15 à 19 ans perdent en moyenne 41 minutes de sommeil et les filles du même âge 54 minutes par nuit. Un chiffre pointé par les pédiatres : un quart des ados de 15 ans dorment moins de 7 heures alors qu’il leur en faudrait 8 à 9 pour favoriser la croissance, l’apprentissage et l’équilibre physique et psychique.

Lourdes conséquences

Les répercussions de l’insuffisance de sommeil et des insomnies sont nombreuses. À commencer par la fatigue générale et des épisodes de somnolence dans la journée, responsables d’accidents de voiture et du travail, d’absentéisme et de problèmes de scolarité. www.institut-sommeil-vigilance.org

DORMIR POUR BIEN VIVRE

Difficultés d’endormissement, ronflements… quelles que soient les causes d’un sommeil perturbé, la fatigue n’est pas la seule conséquence. À la longue, les répercussions peuvent être graves.

Fatigue et somnolence dans la journée, manque de concentration et d’attention, réflexes ralentis, irritabilité, troubles de mémoire… après une ou plusieurs mauvaises nuits, c’est inévitable et déjà problématique. Mais quand l’insomnie devient chronique, les conséquences sont bien plus lourdes et pourtant sous-estimées : baisse des performances, fragilité émotionnelle, humeur cafardeuse avec risque de dépression, douleurs, chute des défenses contre les infections, métabolisme perturbé favorisant l’obésité et le diabète, hypertension artérielle et maladies cardiovasculaires.

Pourquoi dort-on mal ?

Les causes d’insomnie ou de sommeil insuffisant sont nombreuses, mais elles varient beaucoup avec l’âge.

  • À la petite enfance, la peur du noir est fréquente. C’est l’âge des rituels, doudou, petite musique, câlin, histoire. S’ils ne sont pas respectés, l’endormissement est difficile. Les petits sont aussi sensibles aux changements (nounou, entrée à la crèche…).
  • À l’âge adulte, le mode de vie est le grand responsable : rythmes différents du conjoint, petit ou gros dormeur, du soir ou du matin, enfants à conduire tôt à l’école, transports, horaires de travail, etc. Quand, à ces contraintes, viennent s’ajouter stress, responsabilités professionnelles, problèmes de couple ou de santé et bruit, les nuits sont souvent abrégées et le sommeil perturbé.
  • À la ménopause, la chute de production d’hormones influe sur la qualité du sommeil des femmes. Les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes ne sont pas propices à un véritable repos.
  • Avec le vieillissement, le sommeil comporte toujours des cycles de 90 minutes, mais il est globalement plus léger avec des épisodes de sommeil profond (le plus réparateur) moins prolongés. Une sieste peut être nécessaire pour compenser mais ce n'est pas la solution idéale.

Anomalies du sommeil

Certains dysfonctionnements peuvent être pénibles et lourds de conséquences.

  • Tous les ronfleurs n’ont pas d’apnées du sommeil, mais tous les apnéiques ronflent fort. En cause le plus souvent, un obstacle sur les voies hautes de la respiration au niveau du nez ou du pharynx : grosse langue, voile du palais trop long, déviation de la cloison nasale… Le surpoids favorise aussi les apnées.
  • Le syndrome des jambes sans repos n’est pas complètement expliqué, mais un déficit cérébral en dopamine, neuromédiateur qui joue un rôle essentiel dans le contrôle des mouvements, serait à son origine.
  • La narcolepsie-cataplexie, plus rare, est un excès de sommeil invalidant : accès de paralysie et hallucinations nocturnes, somnolence excessive le jour. Sans doute d’origine génétique, même si d’autres facteurs, notamment des troubles auto-immuns, déclenchent la maladie tôt dans la vie.

Conseils de pharmacien

Somnifères et tranquillisants sont une solution en cas d’insomnies liées à un événement, deuil, maladie, soucis…, mais le moins longtemps possible sous peine de dépendance. Il faut s’arrêter progressivement pour éviter un effet rebond, en s’aidant d’un médicament sans ordonnance comme la doxylamine.

La phytothérapie (tisanes, décoctions, huiles essentielles, gélules, comprimés) donne de bons résultats dans les troubles du sommeil légers, sans inconvénient : passiflore, ballote, aubépine, valériane, tilleul, houblon…

L’homéopathie n’a pas non plus d’effets secondaires. La prescription dépend du terrain et varie donc selon les personnes : Ignatia amara, Belladonna, Coffea cruda, Gelsemium sempervirens, Arsenicum album… Il existe aussi des gélules et des comprimés réunissant plusieurs composants.


Avis d'expert

Dr Sylvie Royant - Parola, Spécialiste des troubles du sommeil, présidente du réseau Morphée*.

« Dans la plupart des cas, le ronflement n’entraîne aucune conséquence pour la santé. Sauf pour 2 millions de personnes dont les ronflements s’accompagnent d’apnées du sommeil. »

Lors d’apnées du sommeil, la respiration s’arrête-t-elle vraiment ?

Oui. Le syndrome d’apnées du sommeil se caractérise par un arrêt complet du passage de l’air lors de la respiration. Lorsque le patient s’endort, les muscles de la gorge se relâchent et la zone de passage de l’air est de plus en plus étroite, puis se ferme complètement. Les parois se collent entre elles et le patient ne peut plus respirer : c’est l’apnée. En moyenne, ces arrêts respiratoires durent entre 10 et 30 secondes et se répètent pendant la nuit jusqu’à des centaines de fois.

Quelles sont les conséquences des apnées du sommeil sur l’organisme ?

Elles entraînent une baisse de l’oxygénation du sang. De ce fait, le cœur travaille anormalement au cours du sommeil pour essayer de mobiliser toutes les réserves en oxygène. Le sommeil n’est alors plus un moment de repos, mais devient un véritable marathon, ce qui explique pourquoi un apnéique se réveille épuisé.

Existe-t-il des signes indiquant que l’on fait des apnées du sommeil ?

Bien souvent, étant donné que le dormeur n’en a pas conscience, c’est le conjoint qui repère les signaux d’alarme au cours du sommeil : ronflement bruyant, pauses respiratoires, réveils nocturnes avec une sensation d’étouffement, changements répétés de position dans le lit. Si vous dormez seul, le lendemain au réveil, vous vous lèverez sans doute avec la bouche très sèche. Regardez aussi s’il y a des taches de salive sur l’oreiller, c’est le signe que vous avez dormi la bouche ouverte pour mieux respirer. Autres signes : fort sentiment de fatigue le matin, souvent associé à des maux de tête, dans la journée somnolences importantes, troubles de la concentration et de la mémoire, irritabilité, parfois dépression, et baisse de la libido.

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