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TOUS ALLERGIQUES OU PRESQUE…

Depuis une quarantaine d’années, le nombre de personnes allergiques ne cesse de croître. Mais les médicaments et la désensibilisation sont plus efficaces, moins contraignants, et la recherche progresse.

En France comme dans tous les pays occidentaux, les allergies respiratoires, alimentaires et cutanées ont véritablement explosé. Le nombre total d’allergiques a doublé en 15 ans. On estime que près d’un quart de la population est allergique à des degrés divers et que 3,5 à 4 millions de Français sont asthmatiques. Il faut toutefois nuancer. Selon les dernières statistiques, l’asthme semble ne plus progresser alors que les cas de rhinite et d’eczéma continuent d’augmenter.

Pollution extérieure

Cette explosion s’explique de plusieurs façons : la diversification alimentaire trop précoce chez le petit enfant, l’allongement de la saison pollinique dû au changement climatique et surtout la pollution, atmosphérique ou autre. Les particules fines issues des pots d’échappement, les fumées chargées en micropolluants des usines ou des raffineries de pétrole ne sont pas en soi des allergènes. Mais, en se fixant sur les grains de pollen et les moisissures qui, eux, sont des substances allergisantes, les particules de benzène, de dioxyde de soufre ou d’azote facilitent les sensibilisations et aggravent les allergies existantes.

Pollution intérieure

Dans nos logements calfeutrés par mesure d’économie d’énergie et humides, le linge séchant souvent à l’intérieur, moisissures, acariens et blattes prolifèrent. Autres responsables d’allergies respiratoires : le nombre élevé d’animaux de compagnie, les plantes d’intérieur et, on le sait moins, l’abondance de polluants chimiques, de composés organiques volatils comme le formaldéhyde, présent dans notre environnement, qui potentialise la sensibilisation aux acariens. Les produits qui en contiennent sont nombreux : désinfectants, détergents, shampooings, vernis à ongles, colles des meubles en aggloméré et… fumée de cigarette.

MENER L’ENQUÊTE

L’allergie traduit une réaction du système immunitaire vis-à-vis de substances étrangères à l’organisme qu’il considère à tort comme des ennemis, appelés allergènes. Ces réactions allergiques sont plus ou moins graves.

Dans la majorité des cas, les allergiques ont un terrain familial prédisposant. Le risque de devenir allergique est de 20 à 40 % si l’un des parents est allergique ; 40 à 60 %, si les deux parents sont allergiques, et plus encore s’ils souffrent de la même pathologie allergique. Par comparaison, si aucun parent n’est allergique, le risque n’est que de 5 à 15 %.

Allergènes par centaines

La liste des allergènes potentiels, déjà longue, ne cesse de s’allonger avec la mondialisation (aliments exotiques, nouveaux produits) et il n’est pas toujours facile de trouver le responsable de son allergie. Certains cependant sont fréquents.

  • Acariens
    Ce sont de minuscules bestioles, contenues dans la poussière, qui se nourrissent de peaux mortes et se développent avec la chaleur et l’humidité dans la literie, les moquettes, tapis, rideaux, peluches… Surtout en automne et en hiver, quand les habitations sont chauffées et peu aérées.
  • Blattes ou cafards
    Ils se développent dans les immeubles (vide-ordures, gaines de ventilation, tuyaux) et les pièces humides, surtout cuisine et salle de bains.
  • Moisissures
    Ou du moins certaines, dans les intérieurs vétustes et mal ventilés. La présence de plantes favorise aussi leur développement.
  • Pollens
    Les pollens de graminées fourragères et céréalières, d’arbres (cyprès, frêne, bouleau, aulne, châtaignier, olivier…) ou de plantes comme l’armoise libérés pendant les périodes de floraison et diffusés par le vent.
  • Poils et plumes
    Chats, chiens, chevaux, lapins, oiseaux, rongeurs…
  • Venin d’hyménoptères
    Il s’agit de guêpe, abeille, frelon.
  • Certains aliments
    Surtout lait, œuf, cacahuètes (arachide), kiwi, poisson, crevettes, fruits à coque chez l’enfant. Chez l’adulte, cinq groupes d’aliments : le groupe latex (avocat, kiwi, banane, châtaigne) ; les rosacées (abricot, cerise, framboise, pêche, poire, pomme, prune) ; le groupe noix : amande, noisette, noix, noix du Brésil, de cajou et de pécan, pignon, pistache ; les ombellifères : aneth, carotte, céleri, coriandre, fenouil, graines d’anis et de carvi, persil ; les légumineuses : arachide, soja, pois, haricots, lentilles, fèves. En augmentation : sarrasin et hydrolysats de blé.
  • Latex
    Il se trouve dans les gants de ménage, les préservatifs, les tétines…
  • Plantes d’appartement
    Notamment Ficus benjamina.
  • Médicaments
    Principalement les antibiotiques, l'aspirine et les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens).

Allergies croisées

Attention, certaines allergies sont croisées. En clair, il y a des relations, parfois étonnantes, entre plusieurs allergènes. Ainsi, on est souvent allergique à la fois à la banane et au latex, au pollen de bouleau et au kiwi, au pollen d’armoise et au melon, par exemple.

Conseils de pharmacien

Les médicaments pour l’asthme sont sur ordonnance, mais au besoin le pharmacien peut vous dépanner. Il vous demandera toutefois les coordonnées de votre médecin ou de votre pharmacien habituel.

  • Le dispositif d’inhalation doit être utilisé correctement sous peine d’inefficacité du médicament. Demandez à votre pharmacien comment vous servir du modèle d’inhaleur prescrit.
  • En cas d’allergie cutanée à un cosmétique, demandez-lui de vous conseiller des produits hypoallergéniques, sans parfum ni conservateur.
  • Si votre allergie vous fait tousser, ne prenez pas de sirops antitussifs, ils sont inappropriés et peuvent aggraver l’asthme. Certains bêtabloquants utilisés pour traiter l’hypertension artérielle et les maladies cardiaques sont aussi contre-indiqués en cas d’asthme.


VRAI OU FAUX

  • Les allergies ne sont pas mortelles.
    Faux. En France, environ un millier de personnes meurent chaque année d’une crise d’un asthme allergique mal soigné. Un chiffre auquel il faut ajouter une dizaine de décès annuels dus à un choc anaphylactique causé le plus souvent par une allergie ignorée ou nouvelle, en particulier aux médicaments (aspirine, AINS surtout) ou à une exposition alimentaire accidentelle, au restaurant par exemple.
  • On peut devenir allergique à tout âge.
    Vrai. On peut « rencontrer » un allergène à n’importe quel âge, même avancé (médicament, aliment exotique). On peut aussi avoir été exposé régulièrement à une substance et ne devenir que brusquement et tardivement allergique. C’est le cas notamment pour les allergies liées à une profession (boulanger, cuisinier, plâtrier, jardinier…) qui peuvent se déclarer après des années ou même des dizaines d’années de métier. Sans doute parce que le système immunitaire s’est modifié.
  • On ne sait pas toujours qu’on est allergique.
    Vrai. Les symptômes allergiques les plus légers (rhinite, conjonctivite) ne sont pas toujours correctement interprétés. Mais le plus souvent, c’est le fait d’être sensibilisé à telle ou telle substance que l’on ignore : le système immunitaire produit des anticorps contre l’allergène, mais l’allergie n’est pas encore déclarée et on ne ressent aucun symptôme. C’est fréquent : un tiers de la population serait sensibilisé sans le savoir.
  • La désensibilisation marche pour n’importe quel type d’allergie.
    Faux. Actuellement, la désensibilisation n’est efficace que pour certaines allergies respiratoires aux pollens et aux acariens et les allergies au venin d’hyménoptères, abeilles, guêpes, frelons. À condition cependant de suivre précisément le protocole de traitement, de ne pas avoir beaucoup d’allergies et de ne pas souffrir de maladies chroniques graves (cancer, diabète…) ni de déficit des défenses immunitaires.


TROUVER LE BON TRAITEMENT

Si vous développez une allergie, cherchez le ou les allergènes responsables en relation avec votre profession, votre environnement ou votre alimentation, et de toute façon parlez-en à votre médecin. Il y a des solutions.

Les réactions allergiques s’installent en deux temps. Tout d’abord une sensibilisation : le système immunitaire réagit en produisant des anticorps de la famille des IgE. Puis, quand il rencontre à nouveau l’allergène, les symptômes se manifestent.

Symptômes et allergènes

Les symptômes varient selon le type d’allergène.
Respiratoires et oculaires : conjonctivite ou/et rhinite saisonnière ou chronique et, plus grave, asthme. Cutanés : eczéma atopique (dermatite atopique), fréquent chez le tout-petit et bénin mais parfois suivi d’asthme, et urticaire. Digestifs : picotements au fond de la gorge, gonflement des lèvres, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales, plus spécifiques aux allergies alimentaires. Les allergies aiguës sont beaucoup plus rares : urticaire généralisé, œdème, voire choc anaphylactique, avec troubles respiratoires et cardiaques qui, sans traitement d’urgence, peut être mortel.

Médicaments ou désensibilisation ?

Même quand l’allergène en cause est évident, une consultation spécialisée est conseillée. Après interrogatoire, l’allergologue fait des tests cutanés en déposant une petite quantité de différents allergènes. La formation d’une papule est parlante, mais quand l’interrogatoire et le test cutané sont contradictoires, il recourt à des tests sanguins. Pour les allergies alimentaires, on procède à un test de provocation, à l’hôpital. Ensuite, place au traitement qui dépend du type d’allergie et de sa gravité et repose sur divers médicaments. Les vasoconstricteurs pour lutter momentanément contre le nez qui coule ; les antihistaminiques, médicaments qui agissent contre une grande variété de symptômes allergiques sauf l’asthme ; les corticoïdes en spray contre l’asthme (la voie orale est réservée aux formes graves) et en crème pour la dermatite atopique ou l’eczéma de contact ; les bronchodilatateurs qui améliorent la fonction respiratoire des asthmatiques. Ou pour certaines allergies, sur la désensibilisation. C’est une bonne solution et même la seule, avec l’éviction totale de l’allergène, pour les supprimer au moins pendant plusieurs années.
EVELYNE GOGIEN

LES PROGRÈS DE LA RECHERCHE

  • Les biothérapies, qui permettent de traiter d’autres maladies, constituent une piste sérieuse. Aujourd’hui, tous les patients ne répondent pas à ce traitement et les chercheurs étudient des molécules plus ciblées (anticorps humanisés) sur chaque allergène responsable. Le traitement de l’allergie devrait ainsi être de plus en plus personnalisé.
  • L’immunothérapie spécifique a été testée avec succès dans les allergies alimentaires contre lesquelles il n’existe aucun moyen de désensibilisation. La voie sous-cutanée ou bien sublinguale est trop dangereuse dans ce type d’allergies, mais la solution du patch répond bien chez des enfants allergiques aux protéines du lait de vache et dans l’allergie à l’arachide ; les premiers résultats sont très encourageants.


À CONTACTER

Associations de patients

  • Afpral, Association française pour la prévention des allergies. La Ruche, 84 quai de Jemmapes, 75010 Paris. Tél. : 01 70 23 28 14. Site Internet : www.allergies.afpral.fr
  • Asthme & Allergies, 66 rue des Tilleuls, 92100 Boulogne. Info Service : numéro vert (appel gratuit) : 0 800 19 20 21. Site Internet : www.asthme-allergies.org
  • Association française de l’eczéma, 3 bis avenue de la Grive, 44300 Nantes. Site Internet : www.associationeczema.wordpress.com

À LIRE

  • Allergies et hyperréactivité Cet ouvrage, rédigé en 60 Questions & Conseils, est divisé en trois parties : la maladie, ses différentes manifestations et sa prévention. Dr Jean-Loup Dervaux, éd.Dangles, 2013, 19 €.
  • La cuisine joyeuse des enfants allergiques Pour que votre enfant allergique ne soit pas de plus confronté à une alimentation tristounette. Astuces, recettes simples et faciles, économiques, recettes festives ou innovantes. Patricia Barreau-Yu, éd. Jouvence, coll. Carrément Jouvence, 2012. 14,90 €. Site Internet : www.aubonheurdesenfantsallergiques.fr

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