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DE LA RHINITE ALLERGIQUE À L’ASTHME

Rhinite allergique et asthme sont des pathologies pénibles, voire handicapantes et potentiellement dangereuses. Mais on peut les prévenir et même les traiter.

En France, comme dans les autres pays développés, les allergies, en particulier respiratoires, ont explosé à cause des changements intervenus dans notre mode de vie depuis une cinquantaine d’années. Notre monde est de plus en plus allergisant : nouveaux matériaux utilisés quotidiennement (latex, nickel), produits cosmétiques, animaux domestiques de plus en plus nombreux, chats notamment, aliments exotiques auxquels nos organismes ne sont pas habitués, plantations intensives de certains arbres (thuyas, bouleaux dans le Nord, cyprès dans le Midi), pollution atmosphérique, industrielle et domestique : produits ménagers chimiques, meubles, parquets, papiers peints et rideaux traités par des produits allergisants, acariens, blattes et moisissures qui prolifèrent dans nos logements mieux isolés et moins aérés, donc chauds et humides… Actuellement, 4 millions de Français, dont un tiers d’enfants, sont asthmatiques, et l’on prévoit qu’un Français sur deux sera touché dans 10 ans. La rhinite allergique est plus fréquente encore : 5 à 7 millions de Français de 18 à 45 ans en souffrent, ce qui est inquiétant pour l’avenir car la rhinite évolue en asthme dans plus de 30 % des cas. Ce lien étroit entre rhinite allergique et asthme vaut également dans l’autre sens : 80 % des asthmatiques souffrent aussi de rhinite allergique, facteur d’aggravation de l’asthme.

Eviter la survenue de l’asthme

L’hérédité joue un rôle dans l’asthme et les autres maladies allergiques. Quand un des parents souffre d’une allergie, l’enfant a 33 % de risques de devenir à son tour asthmatique ou allergique, et si ses deux parents sont allergiques, le risque grimpe à 50 %. Néanmoins, le terrain prédisposant ne suffit pas, il faut encore rencontrer l’allergène pour développer l’allergie.

Allergènes de l’environnement

Notre environnement contient quantité d’allergènes impliqués dans les allergies respiratoires.

  • À domicile
    Acariens en premier, moisissures, en particulier dans les cuisines et les salles de bains, poils d’animaux « chiens, lapins, hamsters, oiseaux, chevaux, animaux de la ferme, NAC (nouveaux animaux de compagnie) et chats surtout ». Plus exactement, les responsables ne sont pas les poils eux-mêmes, mais les allergènes sécrétés par la peau qui peuvent se déposer sur ces poils.
  • À l’extérieur
    Pollens essentiellement, moisissures atmosphériques (champignons microscopiques) et certains insectes (abeilles, guêpes, frelons).

Nez et bronches

  • Rhinite saisonnière ou perannuelle
    Chaque année, à la même époque, pour les pauvres allergiques aux pollens qui voltigent dans les airs, c’est le même tableau : éternuements, nez qui coule, yeux qui pleurent. Difficile de travailler et de bien dormir dans ces conditions… Quand l’allergique est sensibilisé à plusieurs pollens, et ce n’est pas rare, les symptômes peuvent durer du printemps jusqu’à l’automne. Mais si l’allergie est due aux acariens ou à un animal domestique, c’est toute l’année !
  • Passage à l’asthme
    L’allergique peut devenir directement asthmatique ou le devenir après des années de rhinite. L’asthme, maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires (bronches), évolue par poussées de sévérité variable. Les symptômes sont plus handicapants et difficiles à vivre que ceux de la rhinite : toux, respiration sifflante, besoin de respirer plus souvent, sensation d’oppression dans la poitrine… ce qui gêne les efforts physiques et occasionne troubles du sommeil avec réveils nocturnes, encombrement bronchique, fatigue.

Les allergies croisées

Si vous êtes allergique aux acariens, à un animal, à un ou plusieurs pollens, méfiance. Vous pouvez réagir parfois gravement (rhinite, crise d’asthme, œdème de Quincke) à d’autres allergènes contenant des molécules aller­gisantes communes. Quelques exemples fréquents d’allergies croisées : pollens de bouleau et pomme surtout, abricot, amande, carotte ; pollens d’ambroisie et banane, melon, pastèque ; pollens de graminées et cacahuète, tomate, poivron ; acariens et blattes, escargots, crevettes ; poils de chat et chien, cheval, porc…

ALERTES POLLINIQUES

Un site Internet très utile pour les allergiques aux pollens : www.pollens.fr du Réseau national de surveillance aérobiologique. En vous inscrivant, vous pouvez même recevoir chaque semaine par e-mail des prévisions personnalisées (département et pollen).


A savoir

Que faire en cas de crise sévère, c’est-à-dire de gêne respiratoire très importante, inhabituelle ?
- On parle de crise sévère quand celle-ci s’installe le plus souvent brutalement et résiste à l’inhalation du médicament bronchodilatateur utilisé à la dose capable de soulager une crise simple. L’air et les médicaments inhalés passent mal, le rythme de la respiration et le pouls s’accélèrent, l’angoisse s’installe. Réagissez rapidement, n’attendez pas que la gêne respiratoire soit inquiétante. Il y a encore trop de décès dus à une mauvaise appréciation de la gravité de la crise.
- La respiration se bloque quand les bronches sont si serrées que le sifflement bien connu lors des crises est remplacé par un silence. Inhalez d’urgence une dose importante de broncho­dilatateur, 2 doses sont insuffisantes, n’hésitez pas à inhaler 4, 8 ou même 10 doses en une fois, si possible par l’intermédiaire d’une chambre d’inhalation pour éviter tout effort respiratoire, trop difficile. Prenez aussi de la cortisone par voie orale pour agir sur l’importante inflammation des bronches sans attendre le médecin, car le délai d’action est au minimum de 4 heures.
- C’est une urgence absolue. Appelez le 15 ou, à partir d’un téléphone portable, le 112.


Traiter ou se désensibiliser

En cas d’asthme, un traitement est nécessaire pour mener une vie normale et empêcher une aggravation. En cas de rhinite saisonnière aussi, pour ne plus passer plusieurs mois par an un mouchoir à la main et éviter le passage à l’asthme. Pourtant, déplore le Pr Pascal Demoly, pneumoallergologue au CHRU de Montpellier « les patients consultent tardivement un allergologue, en moyenne 6 à 7 ans après le début de leur allergie ».

Quel traitement ?

  • Pendant les crises
    Antihistaminiques, bronchodilatateurs inhalés d’action rapide, corticoïdes par voie locale, pour les crises graves.
  • Traitement de fond
    Corticoïdes inhalés et bronchodilatateurs de longue durée d’action, antileucotriènes et collyres spéciaux en cas de conjonctivite associée.

Pister l’allergène

Il est toujours intéressant de connaître l’allergène en cause, pour éviter les contacts quand c’est possible ou entreprendre une désensibilisation.

  • Trouver le coupable
    Pour ce faire, l’allergologue procède à des prick-tests, petites scarifications indolores permettant de faire pénétrer une goutte des allergènes soupçonnés.
  • Désensibiliser ensuite
    Une fois les responsables trouvés, une désensibilisation est parfois possible. Elle consiste à administrer, le plus souvent par voie sublinguale, de petites doses de l’allergène pour habituer l’organisme à le supporter, en gouttes ou en comprimés.

Les comprimés, un progrès

  • Phléole des prés
    Quand les antibiotiques et/ou les corticoïdes sont insuffisants, un premier traitement de désensibilisation en comprimés sublinguaux, destiné aux personnes souffrant de rhinite allergique aux pollens d’une seule graminée (phléole des prés), est commercialisé depuis 2011.
  • Cinq graminées
    Depuis janvier, d’autres comprimés à laisser également fondre une minute sous la langue sont disponibles en France. Ils contiennent des extraits de 5 graminées très fréquentes. Commencer le traitement 4 mois avant le début de la saison pollinique, avec un comprimé par jour, et le poursuivre jusqu’à la fin de celle-ci. Pour un effet renforcé, recommencer l’année suivante. EVELYNE OUDRY

Limiter les risques

Pas facile d’éviter les allergènes responsables mais, à la maison, des gestes simples permettent de réduire le nombre et la sévérité des crises.

  • Aérer au moins 10 minutes
  • Ventiler
    Ne pas obstruer grilles d’aération et bouches d’extraction. Installer une ventilation dans la cuisine, la salle de bains et les toilettes.
  • Ménage fréquent
    Passer l’aspirateur 2 fois par semaine, choisir des produits naturels (savon noir, bicarbonate de soude, vinaigre blanc, javel mélangé à de l’eau froide…). Utiliser des gants en vinyle, pas en latex.


SUS AUX ACARIENS !

Supprimer de son habitat les acariens et leurs déjections, très allergisantes, est impossible, mais quelques précautions permettent de lutter contre l’envahissement. - Évitez de surchauffer : 20 °C au maximum, et 18-19 °C dans les chambres.
- Limitez l’humidité qui favorise aussi la prolifération des acariens ; taux maximum conseillé, entre 40 et 50 % mesurés avec un hygromètre.
- Adoptez sommier à lattes et housses antiacariennes certifiées, avec fermeture éclair.
- Lavez souvent draps, taies, couettes, oreillers, rideaux et peluches à 60 °C. Secouez les textiles non lavables en plein air, de préférence au soleil car les UV empêchent la multiplication des acariens.
- Préférez fauteuils et canapés en cuir ou en simili, et coussins en matière synthétique, faciles à laver.


DÉSENSIBILISATION PRÉCOCE

Les enfants souffrant de rhinite allergique ou d’asthme peuvent être désensibilisés à partir de l’âge de 5 ans.

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